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L’émergence de la « Statusphere » 14 avril 2009

Filed under: social media,Texte/Analyse/Etude — Nicolas Gosset @ 01:03
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Illustration : cc mallix

Illustration : cc mallix

J’écris ce billet après la lecture de l’article : Can the Statusphere Save Journalism ? C’est le deuxième de Techcrunch sur ce sujet. Il n’en existe pas encore de définition sur Wikipédia et pour le « dictionnaire urbain », il s’agit du groupe de célébrités qui habitent Hollywood…

Sujet émergent donc, aux contours mouvants. Essayons de le comprendre :

Une définition simple : la Statusphere est l’ensemble des messages publiés par les utilisateurs de services comme Facebook, MySpace, Friendfeed, Gtalk ou Twitter. Ces messages peuvent décrire des actions (« je mange une pomme) », des sentiments (« j’ai bien aimé le dernier film de Miyazaki »), ou des idées (« et si on donnait une amende aux députés trop absents à l’Assemblée nationale ? »).

La Statusphere est un lieu d’échange et de conversation. On y discute de politique, de culture, d’économie… en cela elle se rapproche de la blogosphère. Mais la Statusphere se caractérise aussi par son ouverture à l’ensemble du web, avec la publication de liens vers des articles, des billets de blogs ou des vidéos. La pratique du link-journalism y est donc très présente.

Qui fait partie de la Statusphere ? Toute personne qui a un compte sur Twitter ou qui a déjà mis à jour son statut Facebook. Une étude publiée en février par le PEW évalue à 11% la part des internautes adeptes du micro-blogging. Moins jeunes qu’on pourrait croire, les membres de la Statusphere sont plus mobiles (et donc moins nerds ?) que la moyenne des internautes. Les journalistes et les politiques sont particulièrement attirés par la Statusphere, pour des raisons bien différentes. Les premiers viennent y chercher de l’info « chaude » et des idées de sujets, les seconds la voient comme un nouveau canal de communication avec les électeurs, plus direct.

Quels sont les outils qui alimentent la Statusphere ? Twitter est sûrement l’outil qui symbolise le mieux cette nouvelle sphère. Des millions de messages y sont publiés tous les jours, sur tous les types de sujets. Mais ce qui alimente le plus la Statusphere, c’est Facebook. Qui n’a jamais mis à jour son statut pour signifier à ses amis qu’il avait passé un bon week-end ou au contraire qu’il en avait marre de travailler ? Le réseau social a d’ailleurs mis les statuts de ses membres au cœur de sa nouvelle architecture, preuve de l’intérêt porté par l’entreprise à ce que font et pensent ses 200 millions d’utilisateurs.

Twitter est asymétrique

Twitter est asymétrique

Un point sur la différence entre les statuts Facebook et Twitter. Je ne reviendrai pas sur la fausse polémique « Facebook va tuer Twitter » car les deux services sont radicalement différents. Quand je mets à jour mon statut Facebook, je m’adresse uniquement à mes contacts et cela de manière symétrique, alors que sur Twitter, mes messages sont publics, tout le monde y a accès et je ne suis pas « obligé » de lire les messages de mon audience. Cette asymétrie a deux conséquences :

  • L’émergence d’influenceurs, sur Twitter : certains utilisateurs vont bientôt dépasser le million de followers. L’influence d’un utilisateur se mesure aussi selon d’autres critères : est-ce qu’on lui répond souvent ? (preuve qu’on l’écoute) ; Est-ce que ses messages sont repris ? (la fameuse science du « Retweet »)
  • Une élévation du niveau de qualité des messages : pour être influent, il faut être pertinent, intéressant et réactif.

Les 3 différences entre Twitter et les statuts Facebook

Pour conclure sur ce point : Facebook est un outil de lifecasting alors que Twitter est un outil de mindcasting. Pour aller plus loin dans l’analyse, je vous recommande cet article (en anglais).

Alors qu’elle n’existait pas il y a 2 ans (ou alors de façon embryonnaire, MSN permettait déjà à ses membres de publier des statuts), comment expliquer le développement fulgurant de la Statusphere ? Deux facteurs de succès : d’une part la simplicité, par rapport à un blog, Twitter est d’une simplicité déconcertante : il faut moins de deux minutes pour s’inscrire et il n’y a ni administration ni maintenance. Au niveau de la publication c’est pareil : écrire un billet de blog demande du temps, bien plus que d’écrire 140 caractères. L’autre facteur de succès est le besoin qu’a chacun de s’exprimer, de « raconter sa vie », de donner son avis.

Alors, la Statusphere va-t-elle tuer les blogs ? Twitter sauver les journalistes ? Non, mais ce phénomène va prendre de l’ampleur dans les mois et les années à venir, non pas comme une sphère à part dans l’Internet, mais en amont de toutes les autres ; c’est là qu’il faudra être pour avoir l’info et les tendances en premier, là qu’il faudra être aussi pour pouvoir les influencer…

Pour en savoir plus :

Le Tumblr de Brian SolisSon BlogSes articles sur Techcrunch US

The Hierarchy of Tweets

Me suivre sur Twitter et sur Friendfeed.

 

20 Responses to “L’émergence de la « Statusphere »”

  1. gabyu Says:

    et si je mets a jour mon status MSN est ce que c’est valable aussi ? :-)

  2. Palpitt Says:

    très bien vu pour l’étude de la PEW, que beaucoup (en France comme ailleurs) ont pris comme un papier sur Twitter uniquement alors qu’elle dessinait justement les contours de cette « statusphère » (bizarre encore une fois, cette notion de sphère, Thibaut pourrait t’en parler mieux que moi ;)),

    cette statusphère, comme tu le dis bien, est davantage représentée par Facebook que par Twitter : j’ajouterais simplement ce chiffre donné par Facebook > plus de 20 millions d’utilisateurs mettent à jour leur statut au moins une fois par jour.

    http://www.facebook.com/press/info.php?statistics

  3. guillaumeledit Says:

    Très bon résumé d’idées qui se bousculaient dans ma tite tête !

    L’aspect asymétrique de Twitter est effectivement central pour comprendre l’intérêt de l’outil …

  4. [Enikao] Says:

    J’étais parvenu à la même conclusion sur l’asymétrie qui est une différence majeure.

    Merci pour le tableau, il fournit en effet une bonne comparaison et j’avais oublé l’indexation (quand même !). J’ajouterai quand même d’autres différences :
    – La mobilité de Twitter. N’oublions pas que les 140 caractères sont liés au format SMS et ça a un sens dans les pays où l’Internet mobile n’est pas aussi bien développé (infrastructure + offre) qu’en France.
    – L’immédiateté. Twitter crée du flux. Facebook ne fait qu’incrémenter le petit numéro en blanc sur fond de carré rouge en bas à droite, sans distinguer le message d’une application, l’invitation à un événement, la mise à jour d’un statut…

  5. […] lire également : un questionnement sur l’émergence d’une statusphère à lire chez Nicolas […]

  6. emmanuel Says:

    Cet article est très intéressant, bien documenté et qui révèle une réelle tendance. Bravo.
    En revanche, par pitié, ne laissez pas des fautes d’orthographe si grosses telles que « les premier » ou plus loin « les outils qui alimente ».
    La réactivité ne doit pas se faire au détriment de la structure de la langue.

    P.S. : Je remarque d’après les informations fournies sur votre c.v. que nous sommes voisins.

  7. Arnault Says:

    Hello,

    Merci bcp pour ce billet très instructif ! J’aime le mot « statusphère » c’est presque statuaire. Pour la différence entre facebook et twitter, j’ajoute que la symétrie-asymétrie confère au statut une nature différente, beaucoup plus identitaire et intimiste sur facebook alors que twitter est un creuset de bons liens et d’échanges. J’ai pu constater par exemple un rejet de l’appli twitter sur facebook par mes friends, du fait que ce flux permanent désacralise le statut one-shot de facebook qui doit dire une chose pour un temps de façon plus intime que sur twitter. Du coup je l’ai enlevé, et cloisonne les deux identités. Tyrannie des masses /-)

  8. chrisdabin Says:

    en anglais: status + sphere -> statusphere OK
    en français statut + sphère -> statutosphère !?? non ?? :-)

  9. raph Says:

    La statusphere ne va pas plus tuer les blogs, en effet, que la fourchette n’a tué le poivre

  10. […] une attitude qui s’est fait sa petite place avec l’invasion des réseaux sociaux : Statusphere, qui n’est autre que ce que t’es en train de faire, ce que t’es en train de lire […]

  11. msbe Says:

    Super article! J’adore la conclusion, et comme toi, je ne crois pas que ni Twitter, ni Facebook, ne détruira le journalisme.

    Je crois que comme le blog, ils seront pour certains (peut-être) de nouveaux pans éditoriaux, mais sans plus. La démarche et l’intention n’est pas la même que celle du journaliste, qui va du particulier vers la masse, alors que les usagers de Twitter et Facebook, eux, ramènent la masse vers le particulier.

    Enfin, mon humble impression!

  12. […] la montée fulgurante de Twitter et de l’importance que prennent les statuts dans Facebook : L’émergence de la “Statusphere” (note à moi-même : suis-je un dinosaure comme l’ami Satellite Voyageur à ne pas avoir un […]

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  14. […] chambre d’écho rapide fait de cette statusphère l’objet de débats animés et d’analyses intéressantes sur les relais d’influence. Elle est également mise en comparaison avec la blogosphère pour […]

  15. […] artistique. Twitter a ceci de particulier que le rapport entre deux utilisateurs est asymétrique (comme l’a très bien montré Nicolas Gosset). L’outil est assez facile d’usage, mais les utilisateurs sont assez hermétiques aux […]

  16. […] Autre menace : Twitter étant construit de manière ouvertes, de véritables concurrents à Digg se sont construit autour du flux de liens qui alimente la statusphère. […]

  17. […] : Le blog de Brian Solis, grosse source d’inspiration pour moi, notamment avec son concept de statusphere. Si vous travaillez dans les médias, les relations publiques ou la communication, les travaux de […]

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