Je ne reviens pas sur l’affaire, mais plutôt sur son traitement médiatique. Depuis la publication du Canard enchaîné mercredi dernier, on a rarement vu autant d’acharnement médiatique sur une seule personne. Il y a probablement plus d’articles sur ce sujet que sur les propos regrettables de la ministre proposant le « savoir-faire de nos forces de sécurité » à Zine el-Abidine Ben Ali.
Je viens de regarder l’émission « Mots-croisés » dont le 1er sujet était : « Les révolutions arabes et nous ». À la fin de l’émission, Yves Calvi soumet aux invités l’affaire MAM : Pierre Lellouche botte en touche (assez intéressant, se cachant derrière la solidarité gouvernementale, il n’a pas un mot pour défendre sa collègue, peut-être veut-il prendre sa place ?). Vient le tour de Finkielkraut, qui joue sa partition de troll moraliste à la perfection, se permettant même de critiquer le fait que DSK possède un riad au Maroc. Le tour de table se finit par Hicham El Alaoui, chercheur en sciences politiques à l’université de Stanford et cousin de Mohammed VI, qui ramène tout le monde sur terre, en précisant que les Tunisiens n’ont pas grand chose à faire des vacances de MAM, qu’ils ont bien d’autre chose à penser en ce moment.
Ce matin, j’écoutais « En toute franchise » sur France Culture. À un moment, Pouria Amirshahi (secrétaire national du PS) est interrogé pour savoir si l’affaire qui touche MAM est dans les débats au Forum social mondial de Dakar où il est présent. Intelligemment, ce dernier rebondit, ne répond pas à la question et charge la ministre. On se doute bien (et on espère) que ce sujet est au dernier rang des débats du FSM…
Tout le week-end sur Twitter (un jour, j’écrirai un article sans évoquer Twitter), le hashtag #MAM a été le lieu de toutes les invectives. Certains journalistes dépassent le ridicule, comme Frédéric Martel qui compare le départ de la ministre à celui du président égyptien…
Va-t-elle démissionner ? Peut-être (je ne parierais pas dessus), c’est déjà arrivé au début de l’été dernier, et ça n’a pas bouleversé l’opinion, ni avant, ni après… Je pense qu’on est à peu près dans le même cas ici : les Français s’intéressent très peu aux mouvements sociaux (pourtant majeurs) en cours dans les pays arabes et à la petite histoire de Michèle Alliot-Marie encore moins…
Pourquoi tant d’acharnement médiatique alors ? Un premier niveau de réponse (toujours trop facile) serait de dire que les journalistes sont « tous de gauche » et jouent ici le rôle de l’opposition, qui a du mal à aborder ces sujets. C’est en partie vrai, même si le sujet mérite plus d’investigation…
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Nicolas Gosset 
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